Les Murs d'Avignon
"Le temps a donné à ces pierres si égales, si bien jointes,
d'un si beau poli, une teinte uniforme de feuille sèche qui en augmente encore
la beauté" (Stendhal).
Stendhal, qui fit de nombreux séjours à Avignon, n’a pas été insensible à la
beauté de ces vieilles pierres qui entourent de façon élégante la vieille
ville. Prosper Mérimée, en tant qu’inspecteur des monuments historiques, a beaucoup œuvré
pour la sauvegarde et la réhabilitation de ces murs. Un projet de chemin de fer
devait démolir toute la partie des remparts côté Rhône.La gare se serait trouvée aux allées de l’Oule. Prosper Mérimée s’y
est opposé énergiquement. Viollet le Duc a procédé à une restauration « à
l’ancienne » en 1860. Depuis cette date, la ville continue de protéger ces
murailles en créant des espaces verts autour des remparts, empêchant ainsi les
véhicules de se garer. Les remparts
d’Avignon ont été bâtis avec une pierre calcaire tendre et très abondante dans
toute la région appelée communément « pierre du Midi » et
« molasse burdigalienne » par les experts.
Les
remparts actuels mesurent
Avant le rempart actuel, il y eut plusieurs enceintes :
Une image pour vous donner une idée:
L’enceinte romaine ( ne figure pas sur le plan) : dès le 1er siècle, on a la
certitude que des fortifications existaient déjà comme dans toutes les autres
villes marchandes qui étaient obligées de se protéger. Des remparts entouraient
la ville haute c’est-à-dire le rocher, la place du Palais et le forum qui se situait à
l’endroit où se trouve la place de l’Horloge. Le rocher avait un rôle de mirador pour la surveillance
et de refuge en cas d’agression du fleuve ou des assaillants.
Hélas, seule l’hypothèse, approuvée plus tard par de
nombreux autres historiens, que nous a laissée Sylvain Gagnière après de savantes et rigoureuses
recherches, nous a permis de trouver le tracé de cette première enceinte
édifiée par les Romains au début de notre ère.
Voici
donc à peu près ce tracé de l’enceinte romaine:
-À l'ouest : rue Petite-Reille, rue des Grottes, rue Racine, rue Bouquerie.
-Au midi: les rues Collège d'Annecy, des Etudes et Crucifix.
-À l'est : les rues Four de la Terre, Chapeau Rouge, Oriflamme et Sorguette.
-Au nord : le rattachement à l'oppidum du Rocher des Doms se situerait vers la rue de la Forêt et la chapelle des Pénitents noirs.
Après que les populations ont été décimées par les guerres et
les épidémies, à la fin de l’Empire Romain, d’autres murs entouraient la ville.
Les survivants étaient venus se réfugier autour du Rocher et on délimite l’enceinte réduite à peu près
comme suit :
Rue Petite-Fusterie, rue
Félicien David, rue Favart, rue de l’Arc-de-l’Agneau et rue de la Peyrollerie.
Un nouveau rempart est construit par les Avignonnais
de 1234 à 1237. Son périmètre s’étend vers l’extérieur d’une quarantaine de
mètres.
Voici son tracé d’est en ouest : rues des
Trois-Colombes, Campane, Philonarde, Lices, Henri Fabre, Joseph Vernet et Grande-Fusterie. À l’angle des rues
Saint-Charles et Joseph Vernet, un fragment de cette muraille grossière est à l’air libre. D’autres
fragments de ces vieux murs ont été retrouvés au cours de prospections
archéologiques. Les autres souvenirs de ce rempart du XIIIe siècle
sont les noms des anciens portails et vous les rencontrerez en suivant
l’itinéraire cité précédemment : Portail Matheron, Portail Peint, Portail Boquier, Porte Evêque, Portail Bienson etc…Ces portes sont restées en
place jusqu’au XVIIIe siècle.
Enceinte du XIVe
siècle (c’est-à-dire le rempart actuel, en noir fractionné sur le plan) : édifiée entre 1355 et 1370 environ, sous
les pontificats d'Innocent VI et d'Urbain V, les
remparts d'Avignon sont parmi les mieux conservés de France. Avignon est alors
la ville où se trouve le pape et la population s’accroît de façon
impressionnante et s’étale dans les bourgs nouveaux à l’extérieur des murs. De nouveaux quartiers se développent, grâce aux
initiatives privées, à l’abord des portes et des couvents à l’extérieur de la première enceinte. Mais bientôt la sereine
prospérité d’Avignon laisse percer de nouvelles menaces. En cette
époque de la guerre de Cent Ans, des bandes de routiers semaient la terreur
dans la région et les débordements du Rhône revenaient inlassablement. Innocent VI