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webiane et les rues d'Avignon
5 février 2011

Portail-Magnanen

Le rue du Portail-Magnanen va de la rue des Lices à la porte Magnanen.

L’étymologie du mot a été longtemps contestée : certains ont parlé des magnaneraies, l’élevage du ver à soie, comme le faisait penser la ressemblance des noms. Paul Achard dit que le nom vient de la porte qui est au bout de la rue et qui, par sa dimension aurait été appelée Portale Magnum. Mistral affirme que ce portail s’appelait à l’origine portail Mahanes, c’est-à-dire de Maillane. Adrien Marcel nous dit que le mot vient de magnani d’un métier qui est celui de chaudronnier, magninus et maignagium en bas-latin et magnin en romain.

Trois personnalités et quatre versions. Les linguistes vont se régaler.

Au numéro 2 de la rue, il y a une niche vide (une photo dans le livre d’Alain Benoît « Dévotions à la Vierge dans la cité des papes » nous montre à cet emplacement une vierge avec enfant sur le bras gauche dans une niche au fronton triangulaire protégée par une vitre et un grillage). C’est l’endroit de l’ancien emplacement de la chapelle Notre-Dame du Salut.

20060408_Portail_magnanen24

Au numéro 24 de la rue, se trouvait anciennement un réparateur de parapluies. En regardant le toit, nous voyons des décorations. En face, au numéro 25, une belle vierge et son enfant sur le bras gauche sont dans un encadrement de fenêtre.

Et au numéro 80, une grande piéta au-dessus de la porte de la Chapelle des Sœurs de Saint-François. Marie est entourée de deux anges qui soulèvent le corps du Christ reposant sur les genoux de sa mère en prière. Elle est l’œuvre de Cournaud et date de 1857. Il y a deux grandes niches gothiques de chaque côté du bâtiment, en haut, au niveau du premier étage. Celle de droite est occupée par saint François, l’autre, aujourd’hui vide, était anciennement occupée par saint Joseph. Les trois niches et les statues sont aussi de Cournaud.

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Commentaires
J
Jacques Bousquet, Enquêtes folkoriques en Rouergue (1900-1954), Rodez, 1958, nous dit, pp. 184-185, qu’il y avait aux XIIIe-XIVe siècles à Villeneuve-de-Rouergue une porte Manharenque et un barry Manhanenc, et les Mémoires de l’Académie de Nîmes, 1888, p. 69, citent une charte d’acensement de 1293, du hameau de Claparosa, commune de Revens, canton de Trève (Gard), où est mentionné un mas Manhanenc. Ni l’un ni l’autre ne donne d’indications quant à l’étymologie mais la multiplication du même toponyme nous oriente vers un nom commun plutôt qu’un nom propre.<br /> Une piste possible est offerte par Du Cange dans son magnifique dictionnaire (tout en latin) Glossarium novum ad scriptores Medii Aevi. Dans le volume II, 1766, col. 1148, sous les entrées manganaria, manguanaria, manganarius, l’auteur cite en effet plusieurs extraits de chartes de la ville d’Avignon des années 1215, 1239, 1282 où ces manganaria correspondent à des mesures de blé (mesura annonaria), utilisées lors de la taxation des produits entrant dans la ville. Le mot est encore utilisé à Arles en 1616 au sens de ‘boulanger forain’ : « La cour fera peser tous les mois le pain des bolangers et manganiers » (Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française, p. 143).<br /> Alors, portail des ferblantiers ou portail de taxation des denrées, comme cela se faisait à l’entrée de toutes les villes de foires et marchés (voir les multiples chartes de « leydes » qui nous sont parvenues) ? Le premier n’est pas attesté à Avignon (à ma connaissance), l’autre, oui. Faut-il dériver Magnanen de l’authentique manganarius ou de l’hypothétique *manianus ? C’est à y perdre son latin.<br /> jcr
W
Merci et bravo pour tous ces commentaires qu'ils soient instructifs ou flatteurs.
J
Je me suis un peu mélangé les pinceaux en citant les sources de ces différentes étymologies données par ces différents auteurs. En fait c’est dans les Annales du Midi, vol. 25, 1965, p. 252 que figure la critique de l’étymologie donnée par Pansier qui reprend à son compte celle de Mistral (Hugo de Maillana). Et c’est donc la revue universitaire toulousaine qui nous propose Manganesiorum. Ce qui, il est vrai, n’éclaire guère nos lanternes pour autant.<br /> jcr
J
C’est bien Adrien Marcel qui, dans son article « De quelques étymologies avignonnaises », Mémoires de l’Académie de Vaucluse, 1917, pp. 180-181, propose pour le Portail Magnanen une étymologie à partir de « magnin ». Mais s’il existe bien les formes manhin et manhan en occitan (magnin et magnan en graphie mistralienne) et maignien en moyen français, au sens de ‘rétameur, chaudronnier’, dérivées du bas-latin *manianus, Marcel ne donne aucune attestation textuelle médiévale relative à cette porte pouvant accréditer son hypothèse.<br /> Pansier, quant à lui, dans son article paru dans les Annales d’Avignon et du Comtat venaisin, 1912, pp. 28-38, renvoie les étymologies « Portale magnum » et « Porte des magnans » aux oubliettes, la première comme insoutenable dans la mesure où le Portail Magnanen n’était pas de plus grandes dimensions que les autres portes et la seconde comme absurde. Il ne suit pas Mistral dont il pense qu’il fait une erreur d’étymologie lorsqu’il donne pour origine Hugo de Maillana, consul d’Avignon en 1198, et propose plutôt de voir dans le Portail Magnanen une forme du Portale Manganesiorum mentionnée au XIIIe siècle. <br /> Un dérivé de « manganèse » semblant bien problématique (même si le mot est bien attesté en italien dès 1301-1303 et si Gagnière nous dit que les carrelages découverts au Palais des Papes en 1962 dataient de Jean XXII), reste à savoir s’il y avait dans le coin un prélat ou un Monsignore de ce nom.<br /> La réponse est dans les archives...<br /> jcr
F
C'est bien ce que sous entend Paul Achard
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